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Adélaïde a 9 ans lorsqu'en revenant seule de la kermesse de l'école un beau dimanche de mai, elle croise la route d'un gentil monsieur lui demandant un service. Mais dans la cage d'escalier de son immeuble, le monsieur va être beaucoup moins gentil, et laisser ensuite la petite fille hagarde et en larmes. Attouchements sexuels, dira le policier au commissariat. Adélaïde grandit en mettant cet évènement de coté, mais peu à peu, lentement, insidieusement, elle se sent envahie par un mal être et une mésestime de soi, ses méduses comme elle les appelle. Elle pense pouvoir les apprivoiser, mais se fait en réalité dévorer. Jusqu'à ce jour 23 ans plus tard où la brigade des mineurs la contacte : ils ont retrouvé son agresseur... On se croirait dans un polar à la lecture de ce pitch, c'est malheureusement l'histoire de l'auteure, Adélaïde Bon, mais aussi celle, il faut le savoir, d'un enfant sur 5. Elle décrit la souffrance qui l'a habitée toutes ces années sans qu'elle puisse mettre un nom dessus, toutes les tentatives qu'elle a faites pour essayer de s'en sortir, pour comprendre ce qu'il lui est arrivé. Car comme tant d'autres victimes, son cerveau s'est protégé, en lui faisant oublier le viol qu'elle a subi. Cette lecture est très forte, d'une part de par son sujet, mais aussi par toute la force d'écriture que l'auteure y a mis. Elle le dit elle même : ce livre l'a sauvée, lui a fait mettre des mots sur l'innommable. Ce qui n'empêche pas le livre d'être très bien écrit. Bref, pas uniquement un témoignage, mais un livre poignant.

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